Entre buzz et critiques, Rome s'offre une mascotte pour le Jubilé 2025
À quelques mois de l’ouverture de l’année jubilaire 2025, Rome a présenté sa mascotte pour l'événement : une figurine au style japonisant, avec cheveux bleus et bâton de pèlerin. Un personnage à destination des jeunes, qui suscite déjà des réactions très contrastées sur les réseaux sociaux.
Ciré jaune, cheveux bleus, chapelet multicolore autour du cou, bottes vertes couvertes de boue, bâton de pèlerin à la main, la figurine haute d’une trentaine de centimètres détonne à côté du noir de l’habit religieux de Rino Fisichella. Ce 28 octobre, l'archevêque italien, pro-préfet du Dicastère pour l’Évangélisation, présente la mascotte choisie par le Vatican pour l'année jubilaire 2025, qui verra à partir de janvier des millions de fidèles catholiques converger vers Rome en pèlerinage.
« Nous espérons que cette mascotte nous accompagnera et qu’elle pourra plaire à tous », a-t-il alors déclaré, ajoutant qu’elle serait déclinée en plusieurs produits dérivés vendus au moment du Jubilé. Avec ses grands yeux, qui font près de la moitié de son visage, « Luce », de son prénom (lumière, en italien), est un hommage à la culture pop japonaise, « tant aimée de nos jeunes », a poursuivi Rino Fisichella.
Dans les pupilles de la fillette stylisée, brillent des coquilles saint-jacques, symboles du célèbre pèlerinage franco-espagnol, témoignage de l’Espérance, cette vertu à laquelle tient particulièrement le pape François. Et si des taches de boue colorent les bottes de cette petite petite chrétienne, c'est pour mieux appeler les jeunes à se mettre en marche, en pèlerinage à Rome et tout au long de leur vie.
Luce… et tous ses amis
À deux ans et demi des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), qui se tiendront en 2027 à Séoul en Corée du Sud, le Vatican a confié la création de cette première mascotte à l’entreprise Tokidoki, spécialisée en produits inspirés par la culture japonaise. Son fondateur, Simone Legno, est un artiste italien, issu d’une famille catholique.
Trois autres pèlerins accompagnent la mascotte, représentant ainsi les jeunes chrétiens du monde entier : Fe (la foi, en espagnol), Xin (la vérité, en japonais) et Sky (le ciel, en anglais). Le premier est un jeune garçon avec une Bible dans sa poche, représentant l’Amérique du Sud ; la deuxième, une petite fille aux cheveux roses, incarnant l’Asie ; le dernier est un garçon africain avec une guitare dans le dos. Avec eux, plusieurs « amis » : une colombe, un ange et un chien, qui portent les noms d’Aura (la brise, en italien), Lubi (diminutif de Jubilé) et Santino (appellation pour les images pieuses en Italie).
« C'est une année sainte ou le Puy-du-Fou ? »
Quelques heures à peine après avoir été dévoilée, la mascotte faisait déjà l'objet d'une polémique sur les réseaux sociaux. Si certains saluent l’idée de réunir les jeunes autour d’un personnage issu d’un univers qui leur parle – comme le fut la Phryge lors des JO à Paris cet été –, d’autres regrettent l’aspect trop éloigné des images religieuses classiques. Des profils de la sphère « tradi » dénoncent pour leur part l'usage par le Vatican de codes manga, qui seraient selon eux impropres au catholicisme : « Le modernisme s'installe progressivement. Ils cherchent à attirer tous les jeunes woke. »
Pour d’autres encore, c’est le caractère enfantin à travers le choix du « Kawaii » (« mignon »), typique de la culture japonaise, qui dérange, particulièrement dans le contexte actuel de révélations d’abus et violences sexuelles dans l’Église catholique.
Enfin, alors que c’est la première fois que l’Église catholique présente une mascotte pour un événement international, certains estiment que c’est l’existence même d'un tel produit dérivé qui est contestable. « Avant même de se demander si la mascotte est bien, je propose une autre question : pourquoi une mascotte ? C'est une année sainte ou le Puy-du-Fou ? », interroge ainsi Le Nain.
« Plaisir de voir des chrétiens s'amuser »
Pour autant, certains n'hésitent pas à manifester leur enthousiasme, à l'image de Clément Barré, prêtre du diocèse de Bordeaux présent sur Twitter, qui n'hésite pas à se dire « fan de Luce » : « Parce que ça me fait plaisir de voir des chrétiens s'amuser avec un truc un peu léger, un peu mignon, un peu insignifiant aussi. Je trouve que cet esprit d'enfance dit aussi quelque chose de l'espérance chrétienne. »
Du reste, de multiples détournements de Luce fleurissent déjà un peu partout sur les réseaux sociaux, témoignant parfois d'une certaine ironie, mais la plupart du temps d'un enthousiasme spontané. Certains visuels installent ainsi la petite fille dans les bras de Jésus, à la place du Sacré-Cœur ou au milieu de scènes de manga.