France / Rouen : la flèche de la cathédrale Notre-Dame touchée par un incendie
Un incendie s’est déclaré jeudi 11 juillet, aux alentours de 12h10, à Rouen. Pendant près d’une heure, des flammes et une intense fumée noire se sont échappées de la flèche de la cathédrale Notre-Dame, en travaux depuis près de sept ans.
Difficile depuis quelques années, pour les Rouennais, de contenir leurs craintes et leurs émotions quand un incendie se déclare dans la ville aux cent clochers. Il faut dire qu’avec le pont Mathilde en 2012, l’usine pétrochimique Lubrizol en 2019, le site de Bolloré Logistics en 2023, et les très amiantées tours Verre et Acier la même année, l’actualité est souvent très brûlante dans la ville normande.
Ce jeudi midi, c’est un autre incendie qui s’est rappelé à la mémoire des habitants : le feu tragique qui avait ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019. Quand une fumée noire et des flammes se sont échappées de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, les images de la chute et de la destruction de la nef de l’édifice parisien ont très vite été convoquées sur les différents réseaux sociaux. Grâce à l’intervention rapide de 70 sapeurs-pompiers et d’une quarantaine d’engins de secours, l’incendie a très vite pu être maîtrisé, aux environs de 13 heures.
Un bilan rassurant
L’incendie, dont l’origine reste encore inconnue, s’est déclaré vers 12h05 à 120 mètres de hauteur, dans une zone où des travaux de réhabilitation de la flèche, en fonte et acier, sont encore en cours. Pour le procureur de Rouen, la piste criminelle n’est pas privilégiée. Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, a évoqué l’hypothèse d’une étincelle venue d’une soudure qui aurait mis le feu à un caisson de décontamination du chantier. Le colonel Stéphane Gouézec, directeur départemental du SDIS 76 a indiqué que ce sont bien les ouvriers sur place qui ont donné l’alerte et tenté de maîtriser le départ de feu. Un feu qui n’a consumé que des éléments de chantier en plastique, à faible potentiel calorifique et atteint de manière superficielle des planchers d’échafaudage en bois.
Les six ouvriers qui travaillaient dans l’enceinte de la cathédrale ont été très rapidement évacués pendant qu’un périmètre de sécurité était mis en place autour de l’édifice religieux par la police nationale. Les six ouvriers, ayant inhalé un peu de fumée, ont ensuite été pris en charge pour des vérifications et examens d’usage.
Soulagé que l’incendie n’ait fait aucune victime, l’archevêque de Rouen a partagé avec les journalistes une confidence qui lui avait été faite par l’un des ouvriers : « Je n’ai jamais été aussi près du Bon Dieu et il nous a préservés ! » Dominique Lebrun a salué la rapidité et l’efficacité de toutes les forces qui sont intervenues pour circonscrire l’incendie. Une excellente coordination que l’archevêque a mise sur le compte des très nombreux exercices de secours qu’il a vu se dérouler dans sa cathédrale depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris.
Un édifice sous étroite surveillance
Le colonel Stéphane Gouézec, directeur du SDIS 76, a lui aussi rappelé l’utilité de ces simulations à grande échelle. Des exercices qui ont permis aux 70 pompiers mobilisés cet après-midi de mettre en œuvre rapidement des manœuvres d’une grande complexité. Pour atteindre ce feu situé à 120 mètres de haut, les hommes du SDIS 76 ont mis en place une procédure déjà préparée à de nombreuses reprises avec notamment le passage d’une alimentation en eau à travers les colonnes sèches présentes sur la cathédrale et une continuité d’alimentation en eau pour atteindre cette fois-ci la base de travail. « Nous avons atteint le sinistre et nous sommes en train de parfaire l’extinction », déclarait en début d’après-midi le colonel Gouézec, qui voulait également s’assurer « qu’il ne reste pas de points chauds sur zone ». Ces points chauds, essentiellement les planchers d’échafaudage en bois du chantier, sont les seuls éléments qui sont encore considérés comme à risque et que les pompiers vont encore surveiller une grande partie de la soirée.
Et si le feu n’a pas trop fait de dégâts, il faut également s’assurer que l’eau utilisée pour éteindre l’incendie n’en fera pas non plus. Ce sont les nombreuses œuvres d’art que compte la cathédrale qui font l’objet d’une extrême vigilance sur ce point. Jean-Benoît Albertini, préfet de Normandie et de la Seine-Maritime, a annoncé que 28 de ces œuvres avaient été retirées préventivement par des sapeurs-pompiers venus de l’Oise et spécialisés dans la préservation des biens mobiliers. Tout cela sous le contrôle de l’architecte des bâtiments de France afin de limiter tout risque de détérioration en cas de contact avec des eaux d’extinction. Jean-Benoît Albertini qui a rappelé en conférence de presse son engagement à protéger la structure et les œuvres d’art de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, qu’il considère comme étant « un bien patrimonial de très haute valeur ».