Mgr Tapiwa Mupandasekwa appelle à une reconnaissance accrue des religieuses catholiques au Zimbabwe

Mgr Raymond Tapiwa Mupandasekwa, évêque du diocèse catholique de Masvingo, au Zimbabwe, a rendu hommage aux femmes religieuses pour leur engagement et leur dévouement au service de l’Église, malgré des ressources souvent limitées.

Selon lui, l’Église catholique en Afrique a longtemps tardé à reconnaître le rôle essentiel des religieuses dans le fonctionnement de l’institution. Cependant, il note avec satisfaction qu’au Zimbabwe, cette perception évolue progressivement et que les sœurs catholiques, qu’il qualifie de « fantassins du Christ », commencent à être davantage appréciées, bien que souvent avec peu de gratitude.

Dans une déclaration à la fondation Aide à l’Église en Détresse (AED) International, Mgr Tapiwa a souligné que l’Église avait une dette de reconnaissance envers les congrégations féminines.

« Nous devrions remercier les religieuses, car elles portent un fardeau considérable pour servir l’Église en Afrique. Ce sont elles qui, sur le terrain, soutiennent les pauvres, les veuves et les orphelins, mais elles sont rarement reconnues », a-t-il affirmé dans le rapport publié le 12 février.

L’évêque de Masvingo a insisté sur leur rôle fondamental dans la transmission de la foi, à travers la catéchèse des enfants, des jeunes et des adultes, contribuant ainsi activement à la croissance et à la vitalité de l’Église.

Il regrette que, dans l’esprit des fidèles, le clergé masculin soit souvent mis en avant, tandis que le travail inlassable des sœurs demeure dans l’ombre.

« Quand on parle de l’Église, on entend souvent : “Le père fait du bon travail ici, il est très bon dans l'organisation”. Mais qui met réellement tout cela en œuvre ? Qui fait fonctionner ces structures au quotidien ? Ce sont les religieuses, et elles le font avec très peu de reconnaissance », a-t-il dénoncé.

Mgr Tapiwa a exprimé son inquiétude face à la précarité des conditions de vie des religieuses, qui se retrouvent souvent sans soutien financier suffisant pour couvrir leurs besoins essentiels.

Il a révélé que, faute de moyens, de nombreuses sœurs quittent progressivement le travail pastoral pour se tourner vers des professions rémunérées, comme l’enseignement ou les soins infirmiers, où elles perçoivent un salaire du gouvernement.

« Beaucoup abandonnent le travail pastoral parce qu'elles ont l'impression de ne pas être bien soutenues », a-t-il déploré.

Mgr Tapiwa, qui a commencé son ministère épiscopal en 2019 dans le diocèse de Chinhoyi, a partagé une expérience poignante vécue lors d’une visite dans une région frontalière entre la Zambie et le Mozambique.

Dans cette zone reculée, il a constaté les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles les religieuses accomplissent leur mission.

« Les sœurs qui servaient dans cette région vivaient dans une pauvreté si extrême qu’elles n’avaient même pas les moyens de loger leurs visiteurs. Elles ont dû monter des tentes pour nous accueillir », a-t-il témoigné.

Malgré ce constat préoccupant, Mgr Tapiwa se veut optimiste quant à l’évolution de la situation.

Il note que, dans certains pays, les gouvernements commencent à reconnaître et soutenir les religieuses pour leur contribution au développement social et éducatif.

Cette évolution, selon lui, s’inscrit dans la vision du pape François, qui plaide pour une Église plus synodale, où chaque membre – laïc, religieux ou clerc – trouve pleinement sa place.

« Nous prions pour que nous devenions une Église plus synodale, plus attentive aux besoins des jeunes comme des aînés. Nous voulons bâtir une véritable famille de Dieu, où la dignité de chaque personne est respectée », a-t-il affirmé.

À travers cet appel, Mgr Tapiwa exhorte l’Église à un changement profond, afin que les religieuses bénéficient de la reconnaissance, du respect et du soutien financier qu’elles méritent pour poursuivre leur mission avec dignité.

Le défi reste immense, mais l’Église catholique du Zimbabwe semble désormais engagée sur la voie de la transformation.